19 novembre 2014

Vers l’accessibilité universelle… pas à pas à HEC Montréal

Geneviève Bergeron, conseillère, soutien aux étudiants en situation de handicap à HEC Montréal

Comme vous le savez sans doute, le nombre d’étudiants en situation de handicap dans les universités du Québec a connu une hausse significative dans les dernières années. L’augmentation de la présence de ces étudiants combinée aux profils de plus en plus variés des étudiants d’aujourd’hui demande à tous les acteurs du milieu de réfléchir à leurs pratiques et de remettre en question leurs actes pédagogiques.

 

La conception universelle de l’apprentissage et les pratiques mises en place à HEC Montréal

Dans cette optique, il m’est apparu intéressant d’examiner, en collaboration avec la Direction de l’apprentissage et de l’innovation pédagogique (DAIP) de mon établissement[1], les pratiques pédagogiques qui sont promues à HEC Montréal et de les analyser en fonction des lignes directrices de la conception universelle de l’apprentissage telles que proposées par CAST[2].

 

La représentation (ou le « quoi ») permet de présenter l’information ainsi que le contenu de multiples façons.

 

À HEC Montréal, différentes pratiques sont proposées aux enseignants afin qu’ils aient l’opportunité de perfectionner leur enseignement et de diversifier la présentation du contenu de leur cours, et ainsi favoriser l’apprentissage de leurs étudiants. À titre d’exemple, les études de cas, les jeux de rôle, les conférenciers invités et les débats représentent quelques-unes des pratiques mises en place en salle de cours pour ajouter à l’enseignement magistral.

Les enseignants ont aussi à leur disposition de multiples supports multimédias tels que le Smartboard, le Smartpodium, les télévoteurs, la caméra document, etc.

 

Zonecours, qui est l’environnement numérique d’apprentissage de HEC Montréal, permet aux enseignants de communiquer facilement avec leurs étudiants et de leur transmettre les documents qui sont en lien avec leur cours. Ce dernier point conjugué avec le fait que plusieurs étudiants, après entente avec l’enseignant, enregistrent leur cours (avec des enregistreuses numériques) font en sorte que très peu d’étudiants en situation de handicap ont recours à des preneurs de notes.

 

Il est intéressant de mentionner que l’École examine la possibilité d’élargir à l’ensemble des cours offerts à HEC

Montréal la captation vidéo avec le logiciel Tégrity. Cette technologie est actuellement utilisée dans les cours hybrides (où le temps d’enseignement est partagé entre des séances virtuelles et en salle de cours). Un déploiement à grande échelle rendrait l’information et les contenus des cours accessibles à l’étudiant en tout temps.

 

Enfin, il peut être pertinent de souligner que la volonté de HEC de développer des cours en ligne est grande. Il en est de même avec l’offre de cours hybrides, qui se multiplie et se diversifie de session en session. Des cours disponibles gratuitement à l’ensemble de la communauté sont également proposés depuis peu via Edulib, une initiative de HEC Montréal visant à rendre disponible en accès libre une formation universitaire de qualité.

 

L’action et l’expression (ou le « comment ») consistent à offrir à l’étudiant plus d’un moyen pour démontrer ce qu’il a appris.

 

Pour cette deuxième dimension, il importe de poursuivre la démarche de sensibilisation auprès des enseignants, afin que tous réalisent l’importance de la diversification des moyens d’évaluation au sein d’un cours. Il importe de mentionner que la DAIP travaille en amont afin de promouvoir les « bonnes pratiques » à adopter par l’enseignant dans une perspective d’inclusion de tous ses étudiants. En ce sens, l’évaluation est au cœur de la thématique de la prochaine Journée de la pédagogie qui se déroulera à HEC Montréal le 15 avril prochain.

 

L’engagement (ou le « pourquoi ») permet, par une proposition de diverses possibilités, à l’étudiant de s’engager dans ses apprentissages, d’être stimulé et d’être motivé.

 

Plusieurs éléments ont été mis en place dans le but de contribuer à maintenir l’intérêt des étudiants de HEC Montréal. À titre d’exemple, le cheminement obligatoire en cohorte au baccalauréat (l’étudiant se voit placé dans un même groupe pour 8 des 10 cours de la première année) est un atout majeur pour accroître la proximité entre les étudiants et ainsi favoriser le développement de l’entraide et la collaboration entre eux. Ce type de cheminement favorise également un sentiment d’appartenance plus fort. Une certaine souplesse dans le curriculum est toutefois possible, dépendamment de la situation, pour les étudiants qui ne peuvent suivre le régime soutenu de la première année du baccalauréat.

 

Il existe à HEC Montréal, plusieurs associations étudiantes et comités dans lesquels les étudiants peuvent s’impliquer et de très nombreuses activités auxquelles ils sont invités à participer. Les différentes compétitions académiques contribuent également à favoriser l’engagement des étudiants dans leurs études. Enfin, la possibilité d’effectuer un trimestre d’études à l’étranger constitue un autre élément qui motive les étudiants à réussir.

 

Il est intéressant de souligner que la mise en place de ces façons de faire n’avait pas comme objectif premier de répondre aux besoins des étudiants en situation de handicap.

 

Plus spécifiquement pour les étudiants en situation de handicap…

Développer une vision inclusive demande la collaboration et la participation de plusieurs acteurs. Une des forces de HEC Montréal est d’ailleurs cette mobilisation des différents acteurs pour favoriser le succès et la diplomation de ses étudiants.

 

D’une part, les directions administratives des programmes d’études, le service de l’organisation scolaire et les services d’enseignement collaborent étroitement avec le secteur du soutien aux étudiants en situation de handicap afin de prendre en charge les examens, et ce, pour tous les étudiants de HEC Montréal, incluant les étudiants en situation de handicap. Cette façon de faire demande du temps, des ajustements, un partenariat de tous les instants ainsi qu’une excellente communication entre tous les acteurs.

 

D’autre part, soulignons la collaboration de la bibliothèque, du Service de gestion des technologies de l’information et du Service des immeubles qui ont tout mis en œuvre l’automne dernier afin de pouvoir offrir aux étudiants un laboratoire informatique équipé de logiciels spécialisés.

 

Enfin, comme démontré précédemment, il est essentiel de mentionner le travail effectué au quotidien par les directions pédagogiques des programmes d’études ainsi que par tous les enseignants.

 

À la lumière de cette réflexion, malgré le fait que beaucoup soient encore à faire en matière de sensibilisation, d’information et d’acceptation, il n’en demeure pas moins qu’au cours des dernières années, plusieurs avancées ont été réalisées en matière de conception universelle de l’apprentissage à HEC Montréal. Les changements s’opèrent en douceur, mais s’ancrent en profondeur. Pas à pas, HEC avance dans la bonne voie!

[1] L’équipe de la DAIP, spécialisée en pédagogie universitaire, propose différentes ressources et formations sur une multitude de thèmes afin de « favoriser les innovations pédagogiques, de diffuser les meilleures pratiques en pédagogie et d’aider les enseignants à développer leurs capacités de pédagogue et, à terme, de bonifier les apprentissages des étudiants de tous les cycles d’études » http://www.hec.ca/daip/.

[2] Centre for Applied Special Technologies www.cast.org.