19 mars 2013

L’apport des compétences du conseiller en orientation dans l’évaluation des besoins aux étudiants en situation de handicap

Commencé, dans le cadre de son 15e anniversaire, l’AQICESH est heureuse de poursuivre cette chronique sur l’arrivée de nouveaux membres dans ses rangs. Après le témoignage de la conseillère Marie-Michèle Vézina de l’École polytechnique, voici de celui de Nicolas Fortin de l’Université de Montréal.
Texte écrit par: Nicolas Fortin, Responsable du Service aux étudiants en situation de handicap (SESH), Université de Montréal

Au cours de ma carrière, j’ai travaillé près de quinze années dans le domaine de l’employabilité à titre de conseiller en main-d’œuvre, puis comme conseiller d’orientation. L’une des principales clientèles avec laquelle j’ai eu le bonheur d’intervenir est celle des personnes handicapées. À titre informatif, le milieu de l’employabilité ne s’est pas encore modulé à l’appellation en « situation de handicap » bien que l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) s’inspire du modèle théorique du Processus de production du handicap (PPH) du docteur Patrick Fougeyrollas.

La relation « individu-études-travail » est le champ du conseiller d’orientation. Il s’avère complexe dans le processus d’orientation avec les personnes en situation de handicap, étant donné les différentes variables qui entrent en jeu dans le processus de la prise de décision vocationnelle.

Non seulement, il faut prendre en compte les intérêts, les valeurs et les aptitudes, mais aussi les limitations fonctionnelles de la personne. D’où la complexité d’évaluer, dans un processus d’orientation, la capacité des personnes en situation de handicap à poursuivre des études ou à occuper un emploi.

Mon mandat de responsable du soutien aux étudiants en situation de handicap m’interpelle dans d’autres sortes de compétences, notamment dans la relation « étude-travail ». Une de mes fonctions est de m’assurer du bien-être personnel des conseillers, ce qui est intimement lié au succès du service à la clientèle étudiante en situation de handicap.

Avec la complexité de la clientèle émergente, il est important de ne pas rester seul avec une situation problématique vécue par un étudiant. Mon rôle me demande d’apporter le soutien aux conseillers lié à l’intervention et à la recherche de solutions.

Actuellement, je siège au comité du «Guide» pour l’AQICESH. À l’intention du conseiller universitaire, ce comité a pour objectif de préciser les balises et les pratiques pour la clientèle en situation de handicap. Il est primordial que les conseillers soient davantage outillés pour intervenir le plus adéquatement possible. Ainsi, nous aurons un outil qui pourra éclairer nos pratiques comme conseiller puisque celles-ci ont beaucoup évolué. Par exemple, prenons la situation d’une étudiante qui présente un trouble d’apprentissage avec facteur concomitant à l’axe II (trouble de personnalité limite, si on se réfère au DSM-IV). Cette situation nous demande plus de suivis avec cette étudiante et aussi des connaissances sur l’impact de sa déficience en regard de sa situation scolaire. Ainsi le rôle du conseiller est appelé à changer en fonction de la réalité des étudiants.

Mon expertise clinique me permet d’apporter un soutien pertinent à mes collègues. De plus, je me permets de faire des constats. Le premier concerne le programme des besoins particuliers du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MESRST). Celui-ci est complexe et il ne tient pas compte des difficultés de notre clientèle, spécialement ceux qui présentent une difficulté au niveau de l’organisation ou de la gestion de l’anxiété.

Mon deuxième constat touche les étudiants eux-mêmes. Auparavant, avec la clientèle dite «traditionnelle», une seule rencontre par session était nécessaire pour régler les besoins et les mesures d’accommodement. Aujourd’hui, avec une clientèle dite «émergente», des suivis rapprochés sont nécessaires afin d’optimiser les chances de réussite scolaire.

Mon expérience en employabilité me permet de faire des liens entre l’environnement des études universitaires et l’entrée envisagée sur le marché du travail. J’ai eu l’occasion de collaborer avec les différents organismes offrant des programmes et des subventions facilitant l’insertion professionnelle une fois le diplôme obtenu. Il est clair qu’une personne scolarisée a plus de chances de trouver un emploi pertinent et satisfaisant.

Dans un avenir rapproché, ma vision pour le conseiller aux étudiants en situation de handicap est de pouvoir jouer un rôle-conseil auprès de l’étudiant, et cela en harmonie avec le concept d’accessibilité universelle et le modèle du PPH du docteur Patrick Fougeyrollas.

Pour faire suite à ma réflexion, je souligne et j’invite les conseillers à ne pas rester seuls avec une situation problématique concernant un étudiant. En plus de briser l’isolement, la pratique d’études de cas est un apport indéniable à de meilleures pratiques ainsi qu’à une expertise partagée.