19 mars 2012

LA FORCE DU RÉSEAUTAGE Les liens entre les collèges et les universités dans l’inclusion des étudiants en situation de handicap

Carole Lavallée, directrice adjointe aux études, responsable du Centre collégial de soutien à l’intégration de l’Ouest du Québec, Cégep du Vieux Montréal

Le Congrès de l’AQICESH a été une occasion de se rencontrer entre conseillers en services adaptés tant du réseau collégial que les conseillers aux étudiants en situation de handicap du réseau universitaire.

Ces occasions ne sont pas si fréquentes, pourtant nous travaillons avec les mêmes étudiants; en continu dans le temps, d’autres fois en parcours brisé et, étonnamment, quelques fois en concomitance (eh oui des étudiants sont à la fois au collège et à l’université!). Nos expertises et les expériences vécues dans nos établissements sont très souvent semblables, tant dans nos relations avec les étudiants qu’avec leurs enseignants ou leurs professeurs.

Certains cégeps et universités participent à des projets Interodres, des conseillers se parlent informellement ou dans le cadre de projets, les responsables des services adaptés se concertent, mais aucun espace de discussion n’existe officiellement. Nous aurions tous un avantage à partager notre conception des services adaptés et plus particulièrement nos ressemblances, nos défis et nos questionnements. Le Congrès de l’AQICESH en a été une première occasion plus formelle.

Nos ressemblances :

Mesures: Il n’y a pas tant de différences dans les mesures qui sont mises en place, bien sûr il y a bien qu’au collégial on propose plus souvent 50% de temps supplémentaire alors qu’à l’université c’est plus 33%, mais il ne s’agit pas de différences importantes.

Transition : Pour un étudiant, le passage du niveau collégial à celui de l’université demande sensiblement les mêmes ajustements que le passage du niveau secondaire au niveau collégial. Il reçoit moins de services directs et, par conséquent, il doit changer certaines de ses habitudes et démontrer plus d’autonomie. À cet égard, le collégial se doit d’encore mieux préparer les étudiants à ce qu’il y aura de différent à l’université.

Pratiques : Au collégial comme à l’université, les bonnes pratiques sont peu évaluées. Malgré un diagnostic précis, les conseillers doivent évaluer les besoins des étudiants individuellement. La présence du « cas par cas » m’amène à me demander si un jour nous arriverons à trouver la bonne pratique…

Nos conceptions des services adaptés:

Plus qu’ailleurs, avec la qualité des conférences, deux paradigmes semblent ressortir des discussions. Il sera important qu’ils soient complémentaires, même si, au départ, ils peuvent paraître opposés:

  • Un pôle individuel fondé sur les caractéristiques et les besoins de la personne en situation de handicap. Ici, on parle de diagnostics précis faits par des professionnels reconnus, de chartes, de droits et d’accommodements permettant de pallier les limitations de la personne. L’approche des services adaptés se situe dans ce modèle.
  • Un pôle social et collectif fondé sur la pédagogie, sur le plus grand nombre, y compris la personne en situation de handicap, mais aussi ses pairs qui peuvent éprouver des difficultés. L’approche de design universel s’y approche.

Aussi, on peut se demander si la recommandation de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) qui amène un glissement du diagnostic d’un trouble vers un plan d’intervention face à des difficultés permet de se diriger vers le deuxième paradigme, alors que c’est le premier qu’il veut prôner…

D’autres questionnements :

  • Comment aider les étudiants à vivre une transition plus facile, à ne pas recommencer à zéro toutes les démarches et à développer une autonomie plus grande à l’université ?
  • Comment s’assurer que la reconnaissance des troubles persistants reconnus au niveau collégial (TDA, SM, etc.) soit transférable à l’université?
  • Comment mieux gérer le critère d’admission selon l’expérience afin d’éviter que des étudiants n’ayant pas terminé leurs études collégiales se retrouvent à l’université sans DEC et qu’ensuite, ils abandonnent l’université sans diplôme ? Ces étudiants se retrouvent souvent dans nos services, ils auront fait 5, 6 ou 7 ans d’études postsecondaires et ils auront seulement un DES. Leur rend-on vraiment service?
  • Comment sensibiliser les enseignants et les professeurs à la présence des étudiants en situation de handicap? Comment les soutenir quand ils en ont besoin ? Comment les confronter quand ils ont des comportements inacceptables face aux étudiants en situation de handicap?

Le congrès a été l’occasion de plusieurs autres réflexions qu’il faudra poursuivre entre intervenants du milieu postsecondaire.