19 mars 2011

Beaucoup reste à faire pour les étudiants en situation de handicap

Chaque personne a droit d’accéder aux divers univers de connaissance, de développer pleinement ses aptitudes et d’exercer les dispositions de son intelligence : C’est ainsi qu’elle s’épanouit dans ce que l’on peut appeler, à juste titre, l’humanisme complet.
Rapport Parent 1963-1966

Dans le contexte de la croissance rapide du nombre d’étudiants en situation de handicap et plus particulièrement des populations dites émergentes, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport publiait, l’automne dernier, trois études portant sur l’accès aux études postsecondaires pour ces personnes. (Vous trouverez les références aux différentes études à la fin de ce texte.)

Dans ces études, les chercheurs plaident la reconnaissance par le MELS des étudiants ayant des troubles d’apprentissage, des troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyper- activité ou des troubles mentaux au même titre que les étudiants ayant une déficience fonctionnelle majeure ou une autre déficience reconnue. Pour appuyer leur argumentaire, ils prennent en exemple l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et les États-Unis (bien qu’il y ait des variations d’un État à l’autre, ces étudiants sont généralement reconnus) ainsi que l’évolution du contexte législatif québécois : Loi  assurant  l’exercice  des  droits des personnes handicapées   en   vue   de   leur   intégration   scolaire,   professionnelle et sociale entrée en vigueur en 2004 et la prise en compte par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse de la discrimination vécue par ces personnes.

Par contre, une telle reconnaissance engage une meilleure évaluation des étudiants, entre autres pour ceux ayant des troubles d’apprentissage, comme base pour mettre en place des mesures d’accommodement et des services adéquats. Plusieurs intervenants interrogés par Roberts et Wolforth affirment qu’il est difficile de déterminer les mesures d’accommodement à mettre en place lorsque l’étudiant ne possède pas toute la documentation requise. Pour pallier cette lacune, les chercheuses proposent la création d’un bureau d’évaluation centralisé inspiré du modèle ontarien (créé à la suite du Learning Opportunities Task Force) et le remboursement à l’étudiant, par l’Aide financière aux études, de la majeure partie des coûts liés à l’évaluation.

Outre le besoin d’une meilleure évaluation des étudiants, les recherches révèlent que les enseignants, les répondants et les autres professionnels disent manquer de formation et d’information concernant les troubles d’apprentissage, les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyper- activité et les troubles mentaux. L’importance de répondre aux besoins des enseignants se confirme lorsque les étudiants interrogés affirment que l’appui de leurs professeurs est le facilitateur le plus important dans la réussite de leurs études et qu’encore peu d’entre eux ont recours aux services adaptés. Dans une recherche de 2006, Fichten et ses collaborateurs affirment qu’uniquement 1 % des étudiants ayant des troubles d’apprentissage dans le réseau collégial québécois étaient connus des services adaptés comparativement à 6 % dans les autres provinces canadiennes.

À la lecture des recherches, on constate que malgré le fait que les populations étudiantes en situation de handicap soient de plus en plus présentes dans les établissements d’enseignement postsecondaire, l’accès aux études supérieures ne se fait pas encore sans obstacles.

  • SAINT-ONGE, Mireille, Julie TREMBLAY et Dominic GARNEAU (Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et en intégration sociale et Institut de réadaptation en déficience physique de Québec). L’offre de service  pour  les  étudiantes  et  étudiants des  cégeps  ayant  un  problème  de  santé  mentale  ou un  trouble  mental  —  Rapport  synthèse,  Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Québec, 2010, 23 p. [en ligne]   http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/index.asp?page=fi  (consulté en février 2011).

Les chercheurs ont interrogé des répondants, psychologues et autres professionnels en contact direct avec les étudiants ayant des problèmes de santé mentale ou des troubles mentaux dans 16 cégeps. De plus, les étudiants et les enseignants de ces établissements ont été invités à remplir un questionnaire en ligne.

  • BONNELLI, Hélène et collaborateurs (Direction des affaires étudiantes universitaires et collégiales). Portrait des étudiantes et des étudiants en situation de handicap et des besoins émergents à l’enseignement postsecondaire — une synthèse des recherches et de la consultation  — Version  abrégée,  Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Québec, 40 p. [en ligne] http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/index.asp?page=fi  (consulté en février 2011).

L’étude fait le point sur l’état de la situation des étudiants en situation de handicap, particulièrement ceux ayant des troubles d’apprentissage ou des troubles de santé mentale, dans les réseaux collégial et universitaire. Le document trace un portrait global des modes de prestation de services dans les réseaux des cégeps et des universités ainsi que dans les collèges privés subventionnés et non subventionnés. Cette synthèse visait à dégager des constats et des besoins pour la révision des programmes et des documents concernant l’accueil et l’intégration de ces étudiants dans les établissements  d’enseignement  postsecondaire.

  • WOLFORTH, Joan et Elizabeth ROBERTS. La situation des étudiantes et étudiants présentant un trouble d’apprentissage  ou  un  trouble  de  déficit  de  l’attention avec ou sans hyperactivité qui fréquentent les cégeps au Québec : ce groupe a-t-il un besoin légitime de financement et de services? — Résumé d’une étude, Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Québec, 53 p. [en ligne] http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/index.asp?page=fiche&id=1388 (consulté en février 2011).
  • Cette recherche révèle les principaux résultats d’une enquête menée en 2009 auprès d’étudiants, d’enseignants, de répondants et de professionnels dans les collèges publics et privés du Québec. Les différents troubles d’apprentissage y sont décrits de manière détaillée. De plus, les chercheuses s’appuient sur une multitude de recherches. Le lecteur trouvera à la fin du rapport une bibliographie exhaustive.L’utilisation du genre masculin n’a que pour seul but d’alléger le texte.