6 octobre 2025

Des sous-titres pour soutenir la communauté étudiante ayant un handicap auditif | ULaval nouvelles

Des sous-titres pour soutenir la communauté étudiante ayant un handicap auditif

Un projet pilote de sous-titrage automatisé améliore l’accessibilité des cours à distance et favorise une pédagogie plus inclusive

Par : Audrey-Maude Vézina
Partager :

Véronique Arcouette, étudiante au baccalauréat multidisciplinaire, Anne-Louise Fournier, coordonnatrice du secteur des étudiants en situation de handicap au CACE, Joëlle Alice Michaud-Ouellet, conseillère en pédagogie universitaire au SSE, et Nathalie Dufresne, analyste RI Affaires au CACE.

Véronique Arcouette, étudiante au baccalauréat multidisciplinaire, Anne-Louise Fournier, coordonnatrice du secteur des étudiants en situation de handicap au CACE, Joëlle Alice Michaud-Ouellet, conseillère en pédagogie universitaire au SSE, et Nathalie Dufresne, analyste RI Affaires au CACE.

— Université Laval, Yan Doublet

«Distinguer les mots comme pain et bain, ou dix et six, c’est terrible quand on est malentendant», raconte Véronique Arcouette, étudiante au baccalauréat multidisciplinaire vivant avec un handicap auditif. Grâce à un projet pilote de sous-titrage, elle peut désormais suivre ses cours à distance avec plus de fluidité. «Ça m’aide à accéder au contenu sans être constamment en train de compenser ou de deviner ce qui se dit. Ça diminue la charge mentale liée à décoder la parole», ajoute-t-elle.

Ce projet, mené par une équipe du Centre d’aide à la communauté étudiante (CACE) en collaboration avec le Service de soutien à l’enseignement (SSE), améliore l’accessibilité des contenus pédagogiques à distance. À ce jour, une trentaine de cours ont été sous-titrés, sélectionnés selon les besoins des étudiantes et étudiants sourds ou malentendants.

Un levier d’accessibilité et de réussite étudiante

Le projet repose sur la rétroaction des personnes étudiantes, comme Véronique Arcouette, pour améliorer la qualité du sous-titrage, notamment pour la longueur des phrases, le rythme ou le positionnement à l’écran. «C’est pour eux qu’on le fait, donc ce sont eux qui peuvent nous dire ce qui les aide ou non», soutient Anne-Louise Fournier, coordonnatrice du secteur des étudiants en situation de handicap à l’origine du projet.

Le projet ne répond pas uniquement à une contrainte auditive, il s’adapte aussi aux différents modes d’apprentissage. Pour Véronique Arcouette, le sous-titrage correspond à sa manière multisensorielle d’assimiler le contenu. «J’ai besoin de solliciter plusieurs de mes sens comme voir, entendre et même retranscrire l’information», explique l’étudiante.

« Quand j’appuie sur pause, les sons se volatilisent, mais je peux capturer les mots à l’écran. »

— Véronique Arcouette, étudiante au baccalauréat multidisciplinaire

D’autres membres de la communauté étudiante pourraient bénéficier de ce support supplémentaire. «On peut penser aux personnes allophones ou issues de l’international, à celles qui étudient dans des environnements bruyants ou dans l’autobus, ou à celles qui ont un style d’apprentissage plus visuel», précise Joëlle Alice Michaud-Ouellet, conseillère en pédagogie universitaire au SSE.

Ce projet pilote permet de reconnaître la légitimité et la diversité des façons d’apprendre. «On est 200 à 250 étudiants dans mon cours et tous voient le contenu sous-titré. Ça les sensibilise à mes réalités d’apprentissage», souligne l’étudiante Véronique Arcouette.

Vers une intégration durable dans les pratiques éducatives

La sensibilisation des membres du personnel enseignant est aussi au cœur du projet. «Ils ont un rôle à jouer pour amener le sous-titrage à plus grande échelle», indique Nathalie Dufresne, analyste RI Affaires au CACE. Actuellement, c’est l’équipe qui procède à la transcription des capsules de cours, mais elle voudrait concevoir un outil dont le personnel enseignant pourrait se servir directement. «On vise à ce que ce soit facile d’utilisation, car il n’est pas question que ça ajoute de la lourdeur au processus», assure Joëlle Alice Michaud-Ouellet.

Pour ce faire, l’équipe teste des outils de sous-titrage, dont un logiciel libre utilisé par Radio-Canada, basé sur l’intelligence artificielle. «Avec le matériel pédagogique, il y a un souci de confidentialité, de droits d’auteur et de propriété intellectuelle, mais aussi de qualité. On veut des sous-titres qui reflètent le niveau d’excellence universitaire», explique Nathalie Dufresne.

Financé par le chantier Les études tout au long de la vie du Plan institutionnel ULaval 2023-2028, ce projet reflète la volonté de l’Université Laval d’être plus inclusive et accessible. «Ça m’a donné l’élan nécessaire pour poursuivre à la maîtrise à l’automne, confie Véronique Arcouette. J’espère que le projet m’accompagnera tout au long de mon parcours universitaire.»